Fracture numérique

Dans la notion de fracture numérique, il y a la fracture territoriale, mais aussi une fracture sociale. Un rapport souligne que 19 % des Français n’ont pas d’ordinateur à domicile et 27 % pas de smartphone. Sans compter ceux qui n’ont pas non plus de scanner, équipement incontournable pour l’envoi de pièces justificatives.

Il y a également une fracture culturelle : si une majorité de Français sont très à l’aise dans l’univers numérique, un tiers s’estiment peu ou pas compétent pour utiliser un ordinateur. Or, parmi eux, se trouvent ceux qui en sont les plus tributaires pour toucher les allocations auxquelles ils ont droit : personnes âgées, personnes handicapées, allocataires de minima sociaux.

« Le contrôle des demandeurs d’emploi s’effectuera notamment via un ‘journal de bord numérique’ dans lequel ils devront renseigner tous les mois, sur un site internet, leurs actes de recherche d’emploi. » Catastrophique pour toutes les personnes fragiles éloignées du numérique !

Dans le 3ème arrondissement de Marseille, nous n’avons pas de médiathèque ou de structure institutionnelle dédiée qui pourrait accompagner à cette pratique. Ce sont des associations et des bénévoles qui tentent avec leurs moyens toujours en baisse, de pallier aux carences de l’Etat dont les décisions ne cessent d’aggraver la fracture numérique.
En même temps, les « Fab lab » fleurissent mais impossible de s’y faire accompagner pour : envoyer un mail, mettre à jour un CV, faire un scan….par contre il est possible de fabriquer un pendentif en 3D. Il serait temps de prendre en compte les besoins réels des citoyens !

Dépôt de plainte, bail locatif, inscription à l’école… tout devra se faire en ligne dès 2022.
Et selon le baromètre numérique présenté en novembre 2017 par Mounir Mahjoubi, à l’époque secrétaire d’État au numérique, un tiers des Français ne se sentent peu ou pas compétents pour utiliser un ordinateur. Mais aussi, 7 millions de Français ne se connectent jamais, par manque de réseau, de compétences ou de moyens financiers.

Pour la jeunesse, une étude montre qu’on ne naît pas avec des prédispositions qui renforcent la maîtrise des outils numériques, on les acquiert. Et cette acquisition ne se fait pas à la faveur d’un simple accès illimité à Internet : « …mes élèves, quoique pour la plupart issus de milieux défavorisés, possèdent tous des tablettes à la maison et des smartphones. Ils savent jouer à Fortnite et publier des statuts sur Facebook ou des stories sur Snapchat. Ils sont aussi capables de trouver les clips de leurs artistes préférés sur YouTube et de suivre les carrières de telle ou telle star de télé-réalité sur Instagram. C’est quand il s’agit de faire un usage éducatif de l’outil numérique qu’ils redeviennent ces êtres chétifs et impuissants qu’ils sont devant un livre ou un cahier. »

C’est ce qui mène certains sociologues à rappeler la nécessité de faire la différence entre l’accès et l’usage. La fracture numérique telle qu’on l’entendait au début des années 2000, pour les jeunes, est derrière nous : 98 % des 12 à 17 ans ont aujourd’hui un ordinateur chez eux. Demeurent pourtant de fortes inégalités liées à leur utilisation qui poussent le sociologue Fabien Granjon à parler de «fractures numériques de second degré», définies comme étant des inégalités sociales qui résultent d’un usage différent des mêmes outils numériques. Il faut se pencher sur ce phénomène pour en finir avec la vision idéalisée d’une génération de digital natives toute convertie aux nouveaux écrans et naturellement habile avec les appareils électroniques. Les données révèlent en effet des écarts de pratiques considérables entre les plus jeunes. » Et là c’est la classe sociale qui les détermine…

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